Problématique de la partie :
Comment les
bases de la société moderne émergent-elles progressivement dans une société dominée par la féodalité ?
Quelques repères chronologiques :
•987 : couronnement et sacre d’Hugues Capet
•XIe-XIVe siècles : doublement de la population européenne
•1214 : bataille de Bouvines
•1337-1453 : Guerre de Cent Ans
Mise en situation à partir de documents
Doc. 1. Carte. L'Occident chrétien au XIIIe siècle
1. Quelles sont les différentes religions présentes en Occident sur cette carte ?
Le christianisme catholique (religion principale), le christianisme orthodoxe et l’islam.
2. Quelles sont les principaux royaumes chrétiens en Occident ?
Les royaumes de France, d’Angleterre, d’Espagne,
Italie et le Saint Empire Romain Germanique sont chrétiens.
La chrétienté* : Le monde chrétien c’est la communauté́ des chrétiens encadrés par l’Église. Au Moyen Âge, l’Occident est divisé en de nombreuses seigneuries, mais reste uni par la religion chrétienne.
Le clergé* :
Les membres de la communauté́ chrétienne qui consacrent leur vie à l’Église. Les clercs consacrent leur vie
à Dieu, par opposition aux laïcs (paysans, nobles). On distingue le clergé́ séculier (évêques, prêtres) et le clergé régulier (moines).
La société féodale repose sur la place que tiennent les seigneurs, les paysans et les clercs.
Introduction :
Avec l’éclatement de l’Empire de Charlemagne (843) et les grandes migrations (IXe-Xe siècles), le paysage médiéval va voir apparaître une nouvelle société organisée autour de la seigneurie :
seigneurs, paysans, clercs et chevaliers ont chacun une place et des attributions.
Comment s’organise la société au moyen-âge en Europe ?
Comment vivent les paysans, les chevaliers et les seigneurs ?
Séance 1.
Une société féodalisée : contrôler les territoires et les hommes
A. La féodalité, un lien pour contrôler la société
A la fin du
Xe siècle, alors qu’Hugues Capet devient roi en 987, le
pouvoir central est très affaibli. Le royaume de Francie occidentale est devenu une mosaïque de pouvoirs locaux avec à leur tête des propriétaires de terres (seigneurs) qui nouent entre eux des
liens de fidélité puissants : ce sont les relations féodo-vassaliques (du latin feudum, « fief »).
Par la cérémonie de l’hommage, un lien se crée entre un seigneur et son vassal qui doit conseiller, aider militairement et financièrement son suzerain (seigneur supérieur) en échange de la
protection et de la remise d’un fief* (un bien accordé par un seigneur à son vassal, en général
une terre).
La société féodale repose aussi sur une division, qui serait voulue par Dieu, en 3 ordres interdépendants définis dès le IXe siècle et théorisés au XIe siècle par l’évêque Adalbéron de Laon : ceux qui prient (les clercs, moines et prêtres), ceux qui combattent (les seigneurs, la noblesse) et ceux qui travaillent (l’immense majorité de la population, paysans surtout).
B. L’encadrement des campagnes : la seigneurie et la paroisse
La seigneurie*
(terre sur laquelle s’exerce le pouvoir du
seigneur), laïque ou
ecclésiastique, est à la fois un espace habité par le seigneur et les paysans, un espace agricole et un lieu de pouvoir pour le seigneur.
Elle est divisée en plusieurs parties :
-La réserve*
est la terre que le seigneur
se réserve, exploitée par les domestiques du château et les paysans de la seigneurie.
-Les tenures*
sont les terres louées par
les paysans.
-Les communaux*
sont des terres collectives
réservées à la pâture des bêtes du village, au-delà, ce sont les landes et les forêts.
A. La vie au village
Les villages,
situés dans des clairières, sont entourés des champs de céréales, vignes et vergers. Plus loin viennent les pâtures et enfin la forêt. Les paysans passent la plus grande partie de leur temps à
travailler la terre. Les femmes travaillent surtout à la maison et au jardin. Le travail est pénible car les outils sont rudimentaires, la culture principale est celle des céréales à la base de
l’alimentation paysanne.
B. Le quotidien des paysans
Se
nourrir est la principale préoccupation du
paysan et l’entraide villageoise
est essentielle. Mais quand la récolte
est mauvaise à cause du climat ou des
destructions dues aux guerres ou aux
invasions, les disettes, ou pire, les famines peuvent survenir, entraînant la maladie et la mort. Rares sont les paysans qui vivent au-delà de 40 ans.
Parfois, quand la vie est trop difficile ou la domination
seigneuriale trop lourde, des révoltes éclatent.
C.
L’évolution du monde des campagnes
1.
Les progrès techniques.
Les outils
sont de plus en plus souvent en fer et de plus en plus solide. Puis, l’apparition de la charrue permet aux paysans de mieux retourner la terre. Il y a aussi l’invention du collier d’épaules pour
les chevaux et la création du moulin à vent qui permet de moudre le grain.
Enfin, la
jachère se
généralise : les paysans laissent au repos une partie des terres une année sur deux. Ceci permet de ne pas épuiser la terre. Parfois la partie qu’on ne cultive pas est réservée à des plantes
fourragères qui permettent de nourrir les animaux.
2. Les grands défrichements et l’augmentation de la population
Avec un climat plus
favorable et les progrès de l’agriculture entraîne une meilleure alimentation et une augmentation de la population entre le XIe et le XIIIe siècle. Les paysans doivent cultiver de nouveaux
espaces et se lancent dans un défrichement massif. On parvient à créer des villages au milieu des
forêts. Les seigneurs encouragent les défrichements car ils y gagnent de l’argent. Pour qu’ils le fassent, ils promettent aux serfs de payer moins de taxes et parfois même, la
liberté.
Séance 3. Ceux qui prient : le clergé
A. La paroisse dans la vie quotidienne
La paroisse* (territoire sous l’autorité d’un prêtre) et l’Eglise encadrent la vie quotidienne des habitants des campagnes dans leur grande majorité chrétiens catholiques. Les paroissiens doivent acquitter la dîme* (impôt dû à l’Eglise portant sur les fruits de la terre et des troupeaux) et leur vie est rythmée par le calendrier et les fêtes chrétiennes. La recherche du salut* (une vie après la mort dans le royaume de Dieu) représentée au fronton des églises est une préoccupation du chrétien qui doit recevoir les sacrements* (rite sacré accompli par un clerc qui rapproche l’Homme de Dieu), assister à la messe, confesser ses pêchers ou encore jeûner pendant le carême et se montrer charitable.
L’Eglise encadre et tente de pacifier la société : en imposant la Paix de Dieu au XIe siècle elle cherche à limiter la violence des chevaliers, elle cherche à définir des règles de comportement entre chrétiens. Par ailleurs, ayant le quasi-monopole de l’écrit, elle se charge de l’enseignement dans les abbayes
B. « La terre se couvre d’un blanc manteau d’églises » R. Glaber (Xe siècle)
Avec l’importance croissante de l’église, le paysage se couvre d’églises, de monastères et d’abbayes* (monastère dirigé par un abbé ou une abbesse). Les églises et leurs cimetières forment le centre de la vie du bourg.
Le clergé régulier rassemble des hommes (moines) et des femmes (moniales) qui suivent un ordre religieux* : groupe de moines ou de moniales qui obéit à une même règle de vie.
Ex : Les Bénédictins qui suivent la règle bénédictine : texte rédigé au VIe
siècle par Benoît de Nursie, fondateur de l’ordre des bénédictins. Il organise la vie en commun des moines.
Les décorations, sculptures et l’architecture de ces bâtiments viennent délivrer le message chrétien (art roman ou gothique*)
L’église de Sainte-Foy de Conques ,dans le département de l’Aveyron (12), en Occitanie, était une étape importante sur la route des pèlerins de St Jacques de Compostelle. Sa construction, commencée en 1041, a été achevée au XIIe siècle.
- Art roman : style artistique européen (Xe-XIIe siècle). Il se caractérise principalement par des voûtes en berceau.
- Art gothique: nom donné au style artistique qui se développe du XIIe au XVe siècle en Europe. Il se caractérise par des arcs boutants qui permettent d’augmenter la hauteur d’un édifice et d’y favoriser l’apport de lumière.
Séance 4. « Ceux qui font la guerre » : les seigneurs et les chevaliers
A. Le seigneur et son château fort : lieu de vie, de pouvoir et de défense
Le seigneur possède un château fort et des terres sur lesquelles il a des pouvoirs. Il est riche et occupe son temps à chasser, à participer à des tournois ou à faire la guerre à d'autres seigneurs pour agrandir son territoire.
Le château fort est à la fois un lieu de défense (une forteresse) mais c’est aussi le lieu de vie du seigneur. Il incarne son pouvoir et sa puissance. D’abord en bois, il était construit sur des mottes au IXe siècle puis, plus riches, les seigneurs utilisent la pierre pour sa construction. Cette forteresse est capable d’accueillir toute la population d’un village pour les protéger.
B. Le profil du chevalier : un guerrier courageux
- Dans la société médiévale, la chevalerie est une catégorie sociale formée de guerriers combattant à cheval. L'équipement coûte cher et n'est réservé qu'à un petit nombre d'hommes. En effet, il faut posséder au moins une terre de 150 hectares pour avoir les revenus nécessaires afin de devenir chevalier.
- L’adoubement* est la cérémonie qui permet à un jeune guerrier de devenir chevalier. À cette occasion, le jeune chevalier reçoit ses armes des mains de son parrain : un écu, un haubert, un heaume, une épée et des éperons.
La première activité du chevalier est la guerre. Le chevalier doit être physiquement entraîné pour soutenir les charges ennemies lors des batailles. En temps de paix, le chevalier poursuit son entraînement à l'occasion de tournois et de chasses.
Le chevalier doit se montrer courageux en toute circonstance. Il doit également faire preuve d'honnêteté et de justice. Il remet constamment en cause son honneur, qu'il défend pour lui-même ainsi que pour sa dame à laquelle il doit se montrer fidèle et loyal.
C. Un noble héros, un héros courtois ?
- Grâce aux pillages et aux rançons, la guerre procure des revenus importants. Le chevalier peut souvent vivre dans un château. Il profite d'un statut supérieur au reste de la population. Il devient le héros de romans courtois qui racontent ses exploits (Lancelot).
- Unis par leur mode de vie et leur idéal, les chevaliers ont, à partir du XIe siècle, le sentiment d'appartenir à un groupe d'hommes différent des autres, la noblesse.